2 tonnes

Les émissions de CO2 dues aux énergies fossiles ne résument pas à elles seules le problème écologique global qui est face à nous mais en constituent la principale composante. La responsabilité de ces émissions n’est pas le fait de quelques-uns mais de chacun d’entre nous car tout humain est consommateur d’énergie.

La nature se moque de l’arithmétique. Un réchauffement de 2,1°C sera un peu plus sévère que celui de 1,9, pas fondamentalement différent ! Emettre 1,9 tCO2 par personne ou 2,1 ne sera pas considérablement différent mais chaque dixième rendra la vie future un peu plus difficile ! Il reste que, nous, humains, avons besoin d’objectifs clairs, simples, mesurables, ambitieux et réalistes avec des chiffres faciles à retenir !

Mascotte transition carbone triste

L’objectif de réduire les émissions de CO2  des énergies fossiles à 2 tonnes par an et par personne avant 2050 répond à ces exigences :

  • C’est simple et clair, cela peut se décliner au niveau mondial comme au niveau d’un pays, d’une famille ou d’un individu.
  • C’est mesurable car les consommations de charbon de pétrole et de gaz donnent lieu à des transactions commerciales comptabilisées de manière assez fiable au niveau mondial comme national.
  • C’est ambitieux les émissions actuelles sont de 4,5 tCO2 par habitant au niveau mondial (4,7 en France). Réduire de 4,5 tCO2 à 2 tCO2 par personne les émissions est un défi considérable qui demandera à tous des efforts de sobriété, des investissements dans l’efficacité énergétique et la décarbonation massive des énergies utilisées.
  • C’est réaliste à condition que l’ambition climatique portée par une minorité militante gagne dans un consensus durable une majorité de la population. Cela correspond à 2 tonnes équivalent pétrole (qui permettent de vivre décemment) à condition de diminuer la part d’énergie fossile de 85 à 35%.

Pourquoi un objectif par personne ? Il faut disposer d’une référence objective. Il est inévitable que les pays en développement augmentent leurs émissions par personne. Il est indispensable que les pays les plus développés les réduisent massivement. Il y aura durablement des pays plus riches et plus émetteurs que d’autres mais une convergence est nécessaire et inéluctable.

Pourquoi 2 et pas 1 ou 3 ? Il s’agit de trouver un compromis entre le réalisme et l’ambition pour ne pas constater, année après année, et dans une démobilisation grandissante que les objectifs n’ont pas été tenus. Réduire à 3 tCO2 les émissions ne permettra pas de se rapprocher de la stabilisation du niveau de CO2 dans l’atmosphère. A 2 tCO2, on s’en rapprochera et la génération qui suivra disposera de plus de savoirs climatiques et énergétiques et pourra alors décider vers où aller. Quant à 1 tCO2, même en développant massivement les énergies non fossiles, cela ne semble aujourd’hui pas compatible avec un IDH (Indice de Développement Humain) élevé qui reste un objectif auquel aspire l’ensemble de l’humanité. Dans tous les cas, le long chemin vers la neutralité carbone passera par 4 tonnes, 3 tonnes, puis 2 tonnes !

Logo de la marque 2 TONNES, symbole d’une Terre dont l’énergie est aux deux tiers décarbonée.

Une histoire de ppm

La concentration du CO2 dans l’atmosphère se mesure en ppm (partie par million) c’est-à-dire en 10000ème de %. Ainsi 400 ppm de CO2 correspondent à 0,04% de molécules de CO2 dans l’air. La Terre reçoit de l’énergie du soleil et la restitue vers l’atmosphère sous forme de rayonnement. Une partie de ce rayonnement est piégée par les gaz à effet de serre. C’est grâce à ces gaz que la Terre est habitable. 0,04% parait bien minuscule mais l’équilibre est fragile.

Pendant 800 000 ans, la Terre a connu plusieurs périodes glaciaires et interglaciaires. La concentration en CO2 conservée en mémoire dans les calottes glaciaires a oscillé entre 180 et 280 ppm. Pendant des millénaires, la concentration est restée proche de 280 ppm. En 1920, elle était de 300. En 1960 : 317 ppm. Depuis, l’emballement donne le vertige.

Chiffres ppm
Mesures ppm Mona loa
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La concentration de CO2 varie légèrement selon le lieu de mesure et la saison avec un maximum en mai et un minimum en fin d’été. La série ci-dessus correspond à une moyenne annuelle mesurée au laboratoire de Mauna Loa à Hawaii.

Dans la dernière décennie, l’augmentation était de 2,5 ppm par an, elle n’était que de 1 ppm par an dans les années 60. Une accélération vers l’inconnu qui donne le vertige !

Ralentir puis mettre un terme à la progression de la concentration de CO2 dans l’atmosphère est une nécessité absolue. En quelle année et à quel niveau la concentration de CO2 aura-elle été stabilisée ? Un thème de pari pour les bookmakers ? Mieux, un critère de survie pour l’humanité.

Energie fossile

Pour abaisser à 2 tonnes de CO2 par habitant les émissions des énergies fossiles tout en conservant une consommation énergétique de 2 tonnes équivalent pétrole par habitant qui autorise un niveau de développement élevé, il faut réduire la part des énergies fossiles dans le mix énergétique (part grise) de 85 à 35% dès que possible et en tous cas avant 2050. Parmi les énergies fossiles, il faut aussi réduire la part du charbon au profit du gaz naturel.

Carbone en 2050

Ce challenge est considérable car, depuis 1990 la part des énergies fossiles dans le mix énergétique planétaire est passée de 88 à 85% !

Graphique de la part fossile entre 1965 et 2018 dans le monde
Répartition par type d'énergie en 2018

Que la part des énergies hydraulique (6,8%), nucléaire (4,4%), éolienne (2,2%), solaire (1%) et autres renouvelables puisse passer de 15 à 65% de la production d’énergie demandera un effort inédit ! Chacune de ces énergies a ses avantages et ses inconvénients, chaque citoyen et chaque pays pourra préférer, haïr, adorer, idolâtrer l’une ou l’autre mais au bout du compte c’est bien sur elles qu’il faudra compter !